Oeuvre:
Musique pour orchestre:
-Scherzo
sur un th�me populaire (La filadora) (La
fileuse
1897)
-M�dona,
po�me symphonique (1899)
-R�v�rie,
schumanienne pour
violoncelle et orchestre (1901)
-Solidarit� des fleurs, sardane (1907)
-Hisp�nicas
II: Catalogne, suite (1913)
-Chants populaires
espagnols (1914)
-Hisp�nicas
I: Andalousie, suite (1924)
-Th�me et variations pour contrebasse
et orchestre (ca.1946)
Musique
pour orchestre et voix:
-La
Nit de Nadal, oratoire (La nuit de No�l 1902)
-Poema
rom�ntich (C�ntich d'Amor i de Dolor), (Po�me romantique (Chant d'amour et
de Douleur)) pour baryton et orchestre
Lieder et chansons:
-Deux
chansons de Contraluz (Contre-jour 1898)
-Fun�railles
(1898)
-L'�ngel
de la son (L'�nge du someil 1898)
-Melodies
(1898-1907) (Quelques unes non complet�es
et autres o� nous y trouvons seulement des
indications des partitions)
-Sis
can�ons de Violetes (Six chansons de violetes
1901-1904)
-�ntima
(Intime 1904-1907)
-Trois po�mes pour
soprano
et orchestre (1904-na.1924)
-Quan
jo ja ser� mort (Quand je serais mort 1905)
-Prec
de Madonna Elisenda (Pri�re de Madonna Elisenda
1906-1907)
-Oraci�
de merc�s (Pri�re de merci 1914)
-Ros
ton cabell, blau ton vestit (Blonds tes cheveux,
bleu ton v�tement ?)
-Uns
llavis molls de la fresca rosada (Des l�vres
humides de la fra�che ros�e ?)
Musique sc�nique:
Op�ra
-Imogina,
Tableau dramatique (1894)
-L'Angelo,
Sc�ne por baryton et orchestre (1899)
-Hesperia
(1906)
Musique Lyrique
-En
todas partes cuecen habas o� La romer�a del santo (Le
p�lerinage du saint
1895)
-Pares
y nones (Pairs et impairs
1895)
-Soledad:
Acte 1 (Solitude
1895)
-Las
siete palabras (Les sept paroles 1896)
-Los
antrop�fagos (Les anthropophages 1896)
-La
Perla del Avapi�s,{sic} (La perle du Avapi�s ?)
-Un
mill�n (Un milion ?) Inachev�e
Voix et
piano:
-Chansons
catalanes (1896-1897)
-Violetas
(Violettes 1901-1904)
-Passioneres
(1901-1906)
-Recueil d'oeuvres pour voix et
piano (1904-1907) Beaucoup
d'elles innachev�es. Frequemment il s'agit de transcriptions
de lieder pour voix et
orchestre.
Transcriptions pour
Fanfare:
-De
compositions de divers auteurs, d'Alb�niz � Weber, en
passant par des compositions du m�me Lamote.
|

Biographie:
Enfance et
premi�res �tudes:
Il na�t � Barcelone le 7 juillet 1872. Ses parents,
d'origine fran�aise, sont Llu�s Lamote de Grignon i
Lebiay et Elena Bocquet.
Tr�s t�t apr�s sa naissance, sa famille se d�place � la
ville de Tortosa, o� ils poss�daient des propri�t�s,
raison par laquelle Joan a obtenu le titre de
Baccalaur�at � l'Institut de Tarragone
en 1887. En m�me temps il
commence ses �tudes musicales de la main de Josep
Abarcat, mais � cause de son tr�s fort int�ret pour la
musique, il se d�place � Barcelone et il
s'inscrit au Conservatoire de l'Op�ra
- Liceu de Barcelone -, qui
�tait � ce temps l�, le seul dans
la ville.
L� il a connu Antoni Nicolau, qui a �t� son ma�tre
de composition, ainsi que T. G�ell, Gabriel Balart
(violon) et B. Tintor� (piano). Il
se fait remarquer par sa perfection dans l'interpr�tation de cet
instrument et au bout d'un certain temps il est
nomm� successivement professeur de piano (1890) et par la suite professeur
de solf�ge sup�rieur, auxiliaire d'harmonie
et responsable d'ensemble instrumental au m�me
Conservatoire du Liceu.
Dynamisme de jeunesse et mariage:
Parall�lement � ces
�v�nements, il se marie avec
Florentine Ribas i Mallol le 31 juillet 1893 qui
lui donne un seul fils, Ricard, n� le 23 septembre
1899 et qui �tait destin� � collaborer avec son
p�re comme continuateur de sa t�che, sp�cialement dans la direction
orchestrale. Il est connu que son nom
a �t� choisi � cause de l'admiration
de son P�re vers Richard Wagner. Pendant
cette p�riode, pourvu que l'activit� concert�stique
le lui permette, il se consacre � la composition. C'est l'�poque de la
Gavote en re
majeur, Six chansons catalanes, Imogina et
L'Angelo, certaines d'elles jou�es pour la premi�re
fois au Th��tre Lyrique.
Le changement de si�cle nous pr�sente un Joan dynamique avec
la maturit� n�cessaire pour
la composition des oeuvres les plus ambitieuses.
Les oeuvres suivantes appartiennent � cette �poque:
le po�me symphonique M�dona (jou� pour la premi�re fois au
th��tre du Liceu le 22 mars 1900), l'oratoire la Nit de Nadal (la Nuit
de No�l 1902) et le po�me lyrique Hesperia ('Op�ra (Barcelone) le
25 janvier 1907.
L'ann�e 1902 il s'est pr�sent� pour la premi�re fois
comme directeur d'orchestre, choisi par l'Association Musicale de
Barcelone, (qui lui avait d�j� accord� pr�c�demment le premier prix
au "Ier. Concours Musical de
Barcelone"), en dirigeant un orchestre
non titulaire au sens actuel,
puisque les musiciens �taient engag�s seulement pour
un nombre d�termin� de concerts, mais qui � son
tour constituait une tribune artistique id�ale pour tester les dons du
jeune Lamote.
� l'avant de cet orchestre il a non seulement atteint un grand prestige qui
lui a permis d'�tre connu par le grand public. Il a fait conna�tre
des oeuvres de styles et de compositeurs
tr�s diff�rents, il s'est approch�
aussi bien � des interpr�tes nationaux comme �
des �trangers, en cr�ant une atmosph�re inexistente
jusqu'� alors et, en d�finitive, il a collabor� �
r�veiller de mani�re permanente l'int�r�t pour la musique.
Dans cette t�che il a �t� aid� par des pianistes comme Grenus, Malats,
Faur�, Saint-Sa�ns, Bataille ; violonistes comme Heermann, Thibaud,
Man�n, Massi�, violoncellistes comme
Casals et beaucoup de d'autres.
Repertoires vari�s:
Si on analyse les oeuvres
interpr�t�es dans cette p�riode, nous trouvons
des cantates
de Bach,
des concerts de H�ndel,
Le Christ
au mont des
Oliviers et la premi�re audition de la Messe
solemnis de Beethoven (interpr�t�e selon coutume de l'�poque
divis�e en trois
concerts), l'oratoire
Les B�atitudes
de C�sar Franck, la
premi�re audition de Catal�nia d'Alb�niz,
des s�lections
symphoniques d'oeuvres de Wagner (avec
la pr�sence pour cet
�v�nement de Sigfried
Wagner, fils du compositeur)... Dans cet aspect Lamote contribue � la
consolidation du r�pertoire classique
et contemporain, en
accordant � son action un �quilibre entre art et p�dagogie,
ce qui a �t� une
caract�ristique de toute sa vie.
La
Fanfare
Municipale et l'�cole Municipale de Musique de Barcelone:
Le maire R�us i Taulet a cr�� 1886
des corps fixes de
personnel pour la
Fanfare Municipale de
Barcelone, qui jusqu'alors
fonctionnait
de la m�me mani�re que
nous avons expliqu�e pour les orchestres, avec des contrats par saison,
dans une tentative de consolider l'organisme et
d'aboutir � une maturit�
et une r�gularit� dans ses activit�s.
Les 60 professeurs initiaux ont �t� mis sous la direction de Josep
Rodoreda i Santig�s. La Mairie a aussi cr�� l'�cole Municipale de Musique
en vue de former de bons professionnels pour l'ensemble, de telle sorte
que les deux institutions soient attach�es comme un �l�ment p�dagogique
indispensable, donc le m�me Rodoreda �tait le responsable des deux
organismes.
Tous les d�buts sont difficiles et en d�pit de
son d�vouement
indiscutable, Rodoreda ne parvenait pas �
s'imposer
devant
l'indiscipline
et la n�gligence de beaucoup de musiciens. Ceci, uni � l'autre
responsabilit� de direction de l'�cole lui a fait
pr�senter
sa r�signation (1896). Dans un d�sir tacite d'�viter le vide de pouvoir la
r�signation de Rodoreda
est devenue effective
� la fois que
la nomination d'Antoni Nicolau, homme de grand prestige
musical et avec les dons de fermet� et d'organisation n�cessaires pour
en finir avec la crise.
Nicolau a �t�
prioritairement consacr� � la direction de l'�cole Municipale de Musique
et
il a charg� la direction
effective de la
Fanfare � Celest� Sadurn�
i Gurgu�, jusqu'alors �
sous-directeur, avec le titre de Musicien
Majeur. Nicolau
s'est r�serv�e la
direction juridique de l'institution. Sadurn� a fait une t�che
exceptionnelle, qui a restitu� le cr�dit artistique et des citoyens de la
Fanfare, jusqu'� son
d�c�s (1910).
La disponibilit� de la place annonc�e,
Joan Lamote s'est pr�sent� comme candidat
� la fois que d'autres musiciens mais
le jury -
qui �tait form�
par le directeur de l'�cole Antoni Nicolau,
Lluis Millet et Eusebi Daniel - n'a eu aucun
doute,
et s'est montr� � l'unanimit� favorable �
Lamote. Ceci malgr� que
certains conseillers municipaux et des disputes entre certains �l�ments du
monde musical du moment.
En d�pit
de sa valeur et au fait
d'avoir �t� choisi par un jury d'experts, l'opposition municipale est
parvenue �
s'imposer
devant la logique artistique et apr�s des actions turbulentes,
des documents,
des contredocuments,
des influences et
des menaces, le
conseiller Jaussens a
forc� la r�alisation d'une
nouvelle votation
pour le candidat par lui
propos�, Teodoro San Jos�. Le fait est que le r�sultat final du vote a �t�
de dix-huit
en faveur et onze
en contre, et par
cons�quent San Jos�,
fut �lu le nouveau
directeur de la
Fanfare.
L'Orchestre Symphonique de Barcelone:
L'�v�nement a laiss� Lamote
tr�s d��u, parce que dans sa t�te bouillaient une quantit� de projets pour
la Fanfare, qui �taient maintenant impossibles ou, au moins,
devaient attendre longtemps. Mais le d�couragement n'a pas trop dur�,
puisque tr�s t�t il a d�cid� de fonder un orchestre, en disposant de
l'aide de l'Association Musicale de Barcelone et de l'exp�rience qu'il
avait obtenue comme directeur gr�ce � la confiance de cet organisme.
L'Association a favorablement r�agi � sa proposition et l'a soutenue
imm�diatement. Ceci � un tel point, que la pr�sentation officielle de la
nouvelle Orchestre Simf�nica de Barcelone a eu lieu le 13 novembre 1910 au
Palau de la
M�sica Catalana,
inaugur� deux ann�es plus t�t. Le crit�re pour la programmation des
concerts a �t� la m�me que celui qu'il a �labor� pour l'Orchestre de
l'Association, c'est � dire, la recherche d'un public fid�le, la
consolidation d'un r�pertoire et la volont� d'�duquer musicalement.
� cette �poque le public barcelonais �tait relativement nouveau dans le
r�pertoire symphonique, bien que pendant la premi�re d�cennie du XX�me.,
d'importants
ensembles musicaux et artistes qualifi�s de renomm�e reconnue y �taient
d�j� pass�s. Quelques exemples de ces ensembles sont: l'Orchestre Filham�nica de Berlin dirig�e par Arthur
Nikisch (1901) et par Richard Strauss (1908), l'Orchestre des Concerts
Lamoreux de Paris par Camille Ch�villard (1902 et 1905), la
Symphonique de Madrid par E.Fern�ndez Arb�s (1909 et 1910), et solistes de
piano comme Joaquim Nin, Raoul Lutte, Joaquim Malats,
Isaac Alb�niz,
Alfred Cortot, Enric Granados, Ignaz Paderewsky; de violon comme
Mathieu Crickboom, Joan Man�n, Hugo Heermann, Eug�ne Ysa�e, Jacques
Thibaud, et le violoncelliste Pau Casals, ces deux derniers tr�s
fr�quemment.
Lamote d�veloppa une importante t�che dans la pr�sentation de compositeurs
d�butants du pays, que le public barcelonais ne connaissait pas �
ce moment la ou son oeuvre ne faisait pas partie du r�pertoire avec
l'assiduit� d�sirable. Cette initiative a �t� appel�e "Premi�re
Manifestation Symphonique d'Auteurs Ib�riens". Parall�lement � la t�che
interminable de directeur et aux essais pour perfectionner son OSB, il n'a pas abandonn� le versant de compositeur, bien
que ce qui le rendrait plus c�l�bre fut la popularit� qu'il a obtenu comme
directeur d'orchestre.
Il ne s'est pas seulement limit� � la ville de Barcelone, car dans cette
premi�re �tape, de de 1910 � 1916, on a fait des concerts dans beaucoup
de capitales et d'importantes villes de la Catalogne, en outre, une
consid�rable quantit� de concerts se sont donn�s en Espagne. Jusqu'� un
total de soixante-trois
concerts � des villes comme Tarragone, Girona, Sabadell,
Terrassa, Reus, Manresa, Tortosa et Val�ncia; � Bilbao et Saint-S�bastien
au Pays Basque et � Madrid, Saragosse, Grenade, etc. en Espagne, ce qui a fait dire � Oriol
Martorell que l'OSB avait �t� "une des formations symphoniques
catalanes les plus voyageuses".
Les concerts ont �t� donn�s principalement au Palais de la Musique
Catalane, en des cycles courts, comme les 6 concerts pendant la Car�me et
les 4 concerts en automne, outre des �v�nements ponctuels,
comme la premi�re de la Messe en Si mineur de J. S Bach, avec l'Orfe�
Catal� et Albert Schweitzer � l'orgue et les concerts � b�n�fice du
Temple
de la Sainte Famille de Gaud�, ou au b�n�fice
de la construction du monument � Jacint Verdaguer.
Un fait tr�s important:
Le 18 mai 1914, une r�solution
gouvernementale, a d�clar�e nulle la d�cision municipale du 4 ao�t 1910, �
cause de quoi Joan Lamote de Grignon ne put pas acc�der � la direction de
la Fanfare Municipale. Le maire Joan Pich i Pon lui a rendu � nouveau au
bout de quatre ann�es ce qu'il avait gagn� par des m�rites propres. Depuis
lors la principale pr�occupation de Lamote a �t� � nouveau la Fanfare,
mais sans n�gliger l'OSB, bien que les d�placements se sont presque
compl�tement interrompus. Le ma�tre ayant pr�f�r� de consacrer l'ensemble
aux concerts populaires, principalement pour le public de Barcelone.
Cependant, progressivement et � la suite de ce fait, l'Association n'�tait
pas tr�s d'accord avec cette accumulation de travail et la vieille
alliance avec le ma�tre est commenc�e � s'affaiblir jusqu'au point que en
f�vrier 1922, apr�s avoir gratuitement offert le concert n� 200 de l'OSB �
la place de Sant Jaume de Barcelone, l'Association a interrompu sa
collaboration �conomique ce qui a emmen� de graves probl�mes pour la
continuit� de l'organisme. Depuis lors seulement �taient disponibles les
recettes obtenues du guichet ce qui �tait tout � fait insuffisant. En
d�pit de ceci, Lamote au milieu de toute sorte de difficult�s, a r�sist�
un certain temps. Sa pers�v�rance pour �viter les �cueils, son habilet�
pour r�soudre avec intelligence des situations difficiles, les
r�organisations des cycles, etc., lui ont permis de continuer avec
l'orchestre, mais au prix de r�duire chaque fois plus le nombre de
concerts qui pouvaient �tre offerts. Les derniers qu'a offerts l'OSB
seraient donn�s au Th��tre Eldorado le 13 avril 1924 et encore un autre �
l'Olympia de Barcelone le 11 janvier 1925, ce dernier dirig� par C.
Slavinski d'Agreneff.
Beaucoup de consid�rations ont �t� faites sur l'influence qu'aurait eu
dans toute cette affaire le fait que en 1920 Pau Casals fond�t l'Orchestre
qui portait son nom. Certainement, celle-ci a eu depuis le premier moment
une solidit� �conomique et artistique que d'autres institutions
barcelonaises de ce temps n'avaient pas. Le prestige que partout dans le
monde avait obtenu son fondateur comme virtuose du violoncelle, la
quantit� de musiciens qu'il y avait � Barcelone � cette �poque,
insuffisant pour compl�ter les personnels des cinq orchestres du moment et
les meilleures conditions de travail et �conomiques, ont fait que aussi
bien les musiciens comme les institutions de la ville se soient d�cant�es
vers l'Orchestre du ma�tre du Vendrell (Pau Casals).
Malgr� tout les relations entre eux deux seraient toujours bonnes et ne se
sont pas ressenties en raison de ces faits. Lamote a �t� appel� plusieurs
fois � diriger l'Orchestre Pau Casals et � une occasion ce dernier a jou�
la partie de violoncelle soliste de l'oeuvre Andalousie dans un concert
d'hommage en juin 1929, dirig� par le m�me auteur et compl�tement form�
par des oeuvres de Lamote.
La Fanfare Municipale , seconde �tape:
Lamote avait consid�r� depuis le premier moment que la Fanfare
Municipale de Barcelone devait �tre renouvel�e pour lui enlever les vices
et la mani�re routini�re qu'elle tra�nait, t�che qu'il voulait d�j�
r�aliser depuis 1910 au moment qu'il avait pr�sent� sa candidature
manqu�e.
Peut-�tre les m�mes mots du ma�tre extraits d'une conf�rence lue �
l'Institut Fran�ais de Barcelone en mai 1935 nous r�sument et nous
clarifient la position dans laquelle il s'est trouv� en renon�ant � l'OSB.
"...une fois l'Orchestre Simf�nica de Barcelone r�duite au silence, il
m'a �t� n�cessaire de trouver le milieu de continuer, en l'intensifiant,
ce que je consid�rais comme un devoir in�luctable : l'�ducation artistique
de notre peuple. Et la fin de l'Orchestre Simf�nica a donn� naissance �
l'Orchestre d'Instruments de Vent. Si avec la premi�re il fallait attendre
que le peuple vienne � nos concerts, avec la deuxi�me, je peux apporter
les concerts au peuple ".
Outre les r�formes internes des diff�rents blocs instrumentaux comme
fonds, il est aussi entr� dans le terrain de la forme, comme est le fait
que les auditions traditionnelles de la Fanfare les dimanches matin, qui
�taient faits au carrefour de la Gran Via avec le Passeig de Gr�cia,
seraient transf�r�s � des endroits plus ad�quats, comme par exemple la
Place del Rei ou la Place de Sant Jaume quand ils �taient en plein air, ou
au Palais des Beaux Arts dans un local ferm�. En effet, l'espace plus
r�duit donnait une option � entendre mieux les nuances de la formation,
qui pouvaient facilement passer inaper�us dans un espace tr�s ouvert comme
celui que l'on utilisait pr�c�demment.
Richard Strauss � Barcelone:
En mars 1925 Richard Strauss
se trouvait � Barcelone, pour diriger une s�rie de concerts dans la Saison
de Car�me du Th��tre du Liceu et le 15
on a pu �couter � la Place
du Roi la version transcrite pour la Fanfare faite
par le ma�tre Llu�s Oliva,
de son po�me symphonique Mort et transfiguration.
Surpris par la qualit� de la version, il a demand� de pouvoir diriger
l'ensemble, demande qui a �t� imm�diatement accept�e
comme un grand honneur.
L'audition a eu lieu le matin du 19 � la Place de
Sant Jaume, qui avait plus de capacit� pour accueillir
davantage de public. Le succ�s a �t� impressionant.
Le maire qui �tait alors le Baron de Viver a
demand� Richard Strauss de
saluer depuis le balcon de la Mairie la multitude enthousiasm�e.
Mais ceci n'est pas tout. Le compositeur autrichien a manifest� le d�sir
de porter la Fanfare en Allemagne pour
la faire servir comme mod�le pour d'autres
ensembles, ce qui d�montre la qualit� de la t�che faite par Lamote et son
Orchestre d'Instruments de Vent.
Et c'est ainsi que en ao�t 1927 dans le cadre de
l'Exposition Internationale de Francfort, qu'avec le titre "Die Musik im Leben des V�lker"
il a eu lieu du 20 au 28, Strauss a dirig�
le dernier concert de la Fanfare,
en interpr�tant son po�me symphonique Don Juan,
suivant la transcription de Joan Lamote.
La Fanfare a fait aussi des concerts aux villes de
Wiesbaden, Bad Nabhein, Stuttgart, Gen�ve et Lyon.
Une
tache que m�me l'�clat de la guerre ne peut pas arr�ter:
Nous
nous trouvons � l'�poque d'une plus grande
f�condit� du ma�tre, dans laquelle,
il est partout admir�, il voit que
lentement comme r�sultat de son effort il est reconnu chaque fois
plus par le monde musical et par le public fid�le aux auditions
comme un des meilleurs repr�sentants de la culture populaire du
moment. Et quand nous disons populaire nous ne
parlons d'oeuvres plus ou moins "faciles", qui s'associent
traditionnellement aux fanfares
si nombreuses dans notre g�ographie.
Perspicacement, sagement, il
a progressivement renouvel� le r�pertoire jusqu'� faire
conna�tre un ensemble de pi�ces qui, gr�ce � sa transcription
tr�s reusie pour fanfare, il
est parvenu � rendre populaires. Il manquerait seulement chercher dans les
hemeroteques et consulter les programmes des
concerts pour le confirmer.
Nous citons comme points d'int�r�t
la participation fondamentale � l'Exposition
Internationale de Barcelone de l'ann�e 1929, dans laquelle
il a dirig� de nombreux concerts
extraordinaires, comme un fait de cette importance
r�clamait.
Nous soulignons aussi le voyage quil a fait avec
Robert Gerhard � Amsterdam en 1933 et � Prague en 1935, pour
d�fenser la participation de Barcelone
au XIV Festival de la SIMC (Societ� Internationale
de la Musique Contemporaine). Nnotre candidature
faisait face � celle de
Berlin. L'objectif a �t� atteint
et la semaine du 18 au 25 avril 1936, la ville s'est transform�e
en point d'int�r�t mondial de la musique.
C'est juste reconnaitre que l'av�nement
de la r�publique en avril 1931 a
permis d'accorder au pays un r�gime de
libert�s et de projection mondiales inconnus jusqu'� alors,
permetant une dinamisation sans pr�c�dent de la vie culturelle.
Apr�s les Journ�es Internationales du mois d'avril, il a continu�
� diriger les concerts populaires jusqu'au
dernier de la saison le 9 juillet, mais l'�clat
de la guerre a interrompu l'activit� musicale barcelonaise.
L'Orchestre Pau Casals a cess� son
activit�. La Fanfare Municipale a �t� la
seule institution qui r�guli�rement
suivait sa t�che. Pendant le cours de la guerre, il ne doutait pas
� se d�placer la o� la
situation sociale et patriotique le demandait.
Les concerts ont diminu� les ann�es 1937 et 1938 quand les bombardements
faisaient des massacres d'innocents civils et beaucoup de gens, ceux qui
avaient un lieu plus s�r, s'�loignaient de la
capitale vers les villages pour
les �viter.
L'Orchestre
Municipale de Val�ncia:
Avec le
nouveau r�gime - la dictature franquiste -
au pouvoir,
l'heure �tait arriv�e des
vengeances et
des repr�sailles. Un
rapport dat�
en juin 1939 et sans
signer,
accusait ignominiosement
Joan Lamote de Grignon et son fils Ricard, d'avoir
r�alis� une s�rie
d'actions infamantes, qui ont comport� l'ouverture d'un dossier d'�puration
par collaboration avec l'ennemi. Ce rapport
r�dig�, dans un style direct, vexatoire
et vindicatif, clairement �loign� des formules juridiques, portait
l'empreinte visible d'une revanche personnelle. Histoire triste, puisque
la Mairie de Barcelone, qui
aurait put corriger
l'offense, s'est limit�e
�
confirmer la destitution
dans la s�ance pl�ni�re du 29 ao�t et avait
pr�c�demment nomm� un "directeur accidentel",
Ramon Bonell i Chanut.
� partir de ce moment,
nous
avons � faire avec un
homme de 67 ans abattu,
d�sorient�,
en souffrant comme
beaucoup d'autres concitoyens
et intellectuels
le long calvaire de l'infamie.
P�re et fils qui avaient
tant travaill�
pour un
monde musical
ideal, ont pass� une
longue p�riode
de silence � cause de la
folie des temps qui couraient.
Mais des mains amicales ont ouvert le chemin.
� Val�ncia, comme
ailleurs, la qualit� de
Lamote
�tait connue et sa Mairie
a voulu fonder un orchestre, ce pourquoi il a �t� appel� en d�cembre 1942.
Il a seulement mis une condition, que son fils
devait �tre le
sous-directeur. Il a ainsi �t�, (malgr�
que dans la liste de
candidats Josep Manuel Izquierdo le pr�c�dait)
et
le mois suivant
les essais ont d�j�
commenc� pour l'admission de musiciens.
C'est ainsi que le public
de Val�ncia a pu jouir de
tout le bagage d'une personnalit� au moment
le plus important que sa
maturit� humaine et artistique (il
�tait ag� de 71 ans)
en dirigeant une formation pens�e et structur�e personnellement comme ses
ch�res OSB et
Fanfare Municipales
de Barcelona.
Son fils Ricard a aussi dirig� dans cette grande �tape nombre de concerts,
en �tant les deux connus
et admir�s
au moins par le public
qu'allait �couter l'Orchestre Symphonique de Val�ncia, puisque
malheureusement il existait un versant de
rancoeur et d'envie en rapport avec des �l�ments sectoriels fid�les � la
volont� politique du moment. Il n'�tait pas ainsi
� la Mairie, o� il
jouissait d'un environnement favorable surtout
du cot� du maire Juan
Antonio G�mez Tr�nor, comte de Tr�nor et le
Conseiller municipal
Mart�n Dom�nguez Barber�.
Pendant ces cinq ann�es de travail
� Val�ncia, sa
femme Florentina
Ribas est morte
le 4 d�cembre 1944 . Deux
ann�es plus tard il refait � nouveau sa vie, en se mariant avec Marcela
Llevar�n i Paulin, ancienne
collaboratrice
aux t�ches
administratives de la
Fanfare Municipale
de Barcelone.
� la fin du contrat la Mairie lui a offert la possibilit� de le
renouveler, mais il l'a refus�e,
car il avait besoin
d'une p�riode de repos.
Il
�tait alors ag� de 75
ans. Son fils Ricard a accept� de continuer avec les t�ches de
sous-directeur, avec le ma�tre
Hans von Benda.
On lui a renouvel�
le contrat pour
une nouvelle p�riode de quatre ans en mars 1948,
avec une clause
de renoncement volontaire
de chacune des deux parts pendant les six premiers mois. Le fait est que
tr�s rapidement,
le 25 ao�t
de la m�me ann�e la
S�ance pl�ni�re de la Mairie de Val�ncia a r�sili� le contrat � Ricard
Lamote, sans consultation
pr�alable � l'autorit� politique, musicale,
ni, �videmment demander l'avis de l'int�ress�.
Derni�res activit�s � son
retour � Barcelone:
La ville �tait � ces moments,
humaine et musicalement, une ombre du pass�.
Un peu partout on respirait les �troitesses et les
angoisses du pr�sent et la peur du futur. La
crainte et la peur de dire en haute voix ce qu'on pensait, faisait partie
de la vie des citoyens; o� �tait
la splendeur culturelle pr�c�dente?. Malgr�
tout, il s'agissait de sa ville et il
fallait y faire face.
Lamote a trouv� une autre fois la
lueur d'espoir n�cessaire
pour suivre et il a pris part au Ier.
"Stage d'instrumentation pour cobla"
(petit orchestre de vent et percussion pour interpr�tation de musique
populaire catalane), organis� par "l'Institution Musicale Juli Garreta".
Il s'agissait d'une initiative tr�s
os�e pour l'�poque - avec la puissante persecution
contre toute manifestation de la culture catalane -, comme
on peut d�duire de la discr�tion avec
laquelle les sept le�ons � charge de Joaquim Serra ont �t�
r�alis�es (six au London Club,
Avenue Gran Via, 615 et une
au Foment de les Arts Decoratives (Soci�t�
d'Encouragement des Arts D�coratifs), dans la coupole du Coliseum
� Barcelone), mais qui
repr�sentaient un support pour l'identit�
catalane. Comme conclusion Lamote a d�velopp� une dissertation sur le sujet
"les possibilit�s futures des instruments de place et de la cobla".
Barcelone avait cr�� son "Orchestre Municipale",
que dirigeait Eduard Toldr�,
musicien de grande valeur.
Bien que le dossier de sanction de 1939 ait �t� sursu
en f�vrier 1943, il �tait
impensable pour lui de diriger � ce moment-l�, quand
les rancunes �taient encore �videntes et la douleur des
blessures de la guerre �tait encore tr�s vive,
sp�cialement contre les vaincus.
Il
a d� �tre avec un autre orchestre, la Filharm�nica cr��e par C�sar Mendoza
Lasalle, o� il a rencontr� � nouveau la chaleur du Palau de
la Musique de Barcelone et � beaucoup des musiciens qui avaient
collabor� avec lui, et qui avaient
jou� ou � l'Orchestre Pau
Casals ou �
l'OSB. Avec eux le 27 f�vrier 1949 il a dirig� son dernier
concert, Alicia de Larrocha jouant comme soliste au piano. Par
impossibilit� physique, il n'a pas pu diriger un nouveau concert avec
la Neuvi�me Symphonie de Beethoven qui
avait �t� annonc�e pour quelques jours
plus tard.
Il est mort � Barcelone le 11 mars 1949. Le silence des institutions a
d�not� une ingratitude incompr�hensible envers une personne qui
s'�tait livr�e
en corps et �me avec tant de noblesse et d�vouement � l'am�lioration
musicale de la ville. Mais le peuple de Barcelone et touts les professionnels
de la musique rendirent
un hommage silencieux au vieil
ma�tre, en accompagnant ses restes.
La m�me ann�e, six mois plus tard mourait Richard Strauss, qui
a cru en lui. Cette ann�e la mort
a fait passer � la post�rit�
deux grands musiciens.
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