Oeuvre:
Musique pour piano:
-Clotilde
(mazurca)
-Elvira
(mazurca)
-A l'ancienne
mani�re
(bourr�e)
-Lettre de
amour
-Valses po�tiques
-Carezza (vals)
-Valse
de concert
-Exquise
(valse gitane)
-Minuetto du
bonheur
- L'amour de la Vierge
- Impressions de voyage
- Six marches
militaires ( desquelles deux sont � quatre mains)
-Rapsodie
aragonaise
-Caprice espagnol
-A la mode cubaine
-Moresca
-Danse lente
-J�cara (danse)
-Au village
(huit pi�ces pour quatre mains)
- Danse gitane
- Chanson et danse
-Danses pour chanter et danser
-Douze danses espagnoles
(1890 - Pour piano, trois
d'elles orchestr�es par
Joan Lamote de Grignon):
�Galante
�Orientale
�Fandango
�Villanesca
�Andalouse
�Rondalla aragonaise
�Valencienne
�Sardane
�Romantique
�M�lancolique
�Arabesque
�Bolero
-Six pi�ces sur des chansons
populaires espagnoles
-Sc�nes
romantiques
(1903 - huit pi�ces):
�Mazurca
�Berceuse
�Alegretto
�Mazurca
�Allegro appassionato
��pilogue
-Sc�nes
po�tiques
(deux s�ries)
-Livre d'heures
-Croquies (1912):
�Le r�veil du chasseur
�La f�e et l'enfant
�Valse
tr�s lente
�La cloche de l'apr�s-midi
-Contes de la jeunesse
-Sc�nes enfantines
-Allegro de concert (1903)
-Allegro apassionato
-Fantaisie
-Paysage
-Romeo et Julieta
-Goyescas (1911 -
Suite pour piano - six
pi�ces
plus tard orchestr�es):
�Les
propos galants
�Colloque � la grille
�Duo d'amour
�Plaintes ou La maja
et le rossignol
�L'amour et la mort
(balade)
��pilogue, serenade du spectre
-Oeuvres
faciles pour l'�ducaton
du sentiment
-Six �tudes expressives en forme
de pi�ces faciles
-Deux
impromptus
-Impromptu et
barcarole
-El pelele (Le pantin)
-� la prairie
-Le cr�puscule
-Ni ainsi
il la distingue
-El tango des yeux verts
Musique
de chambre:
- Sonate pour violon et piano
- Sonate pour violoncelle et piano
- Trio pour piano, violon et violoncelle
- Cuarteto pour deux violons, viole et violoncelle
-
Romance (quatuor
� corde)
-Serenate
(deux
violons et
piano)
- Quintette pour piano et corde
-
Andante (violon et
piano)
-Premi�re romance (violon
et
piano)
-Madrigal (violoncelle
et piano)
-Trova (violoncelle
et piano)
-Orientale
(hautbois et corde)
-Sc�ne religieuse (violon,
orgue, piano
et timbale)
- Trois preludes
Musique pour orchestre:
- Dante ou La
Divine Com�die
(1908 -
po�me symphonique)
-La nit du mort (1912 -
suite)
-Elisenda (1912 -
suite)
- No�l
- Suite orientale
- Suite
sur des chansons
galiciens (cinq
temps)
- Legende de la f�e
- Marche des vaincus
- Torrijos
- Danse gitane
- Serenate
- �bauches de
deux concerts
et une symphonie
-Interlude
de
Goyescas
(1916 -
derni�re oeuvre)
Musique vocale:
-Chansons
d'amour (1915
- pour voix et piano -
texte, F.
Periquet):
�Dscouvrir le secret
�Ma�anica era (Il �tait tot)
�Mira que soy ni�a (Fais
attention je suis une petite fille)
�Gracia mia (Ma grace)
�Ils allaient � la pin�de
�Ne pleurez pas
petits yeux
-
Tonadillas (1910):
�Amour et haine
�Callejeo (Promenade)
�Le majo
discret
�Le majo
timide
�Le regard de la maja
�Le tra-la-la et le punteado
(pointill�)
�La maja
de Goya
�La maja
Douloureuse I, II, III
�Oh majo
de ma vie !
�Oh mort cruelle
�De ce majo amant
�Les currutacas
modestes
�Si al Retiro me llevas (Si tu
m'emmenes au parc du Retiro)
�Le majo oubli�
- Boires
baixes (Brouillards)
- L'ocell
proph�te (L'oiseau proph�te -
texte:
Comtesse du
Castell�)
-Elegie
�ternelle
et Le
roi et le
jongleur (texte:
Apel�les Mestres)
- Can�oneta (Petite chanson)
- Chanson du pestill�n
- Can�� de Janer (Chanson de janvier)
-
Chanson des �toiles (choeur,
orgue et
piano)
Musique sc�nique:
-Maria del Carmen
(1898 - Op�ra - texte:
Josep Feliu i Codina)
-Goyescas (1916 - Op�ra -
texte: F. Periquet)
-Ovillejos
-Miel de la Alcarria
-Blancaflor
(texte: Adri� Gual)
-Petrarca
-Picarol (1901)
-Follet (Faune - 1903)
-Gaziel (1906)
-Liliana, (1911 - texte:
Apel�les Mestres)
|
Biographie:
Les premi�res ann�es:
Granados
na�t
�
Lleida le 27 juillet 1867. Ses parents
sont Calixto Granados et Enriqueta Campi�a.
Son p�re �tait capitaine de l'arm�e, d'origine
cubaine qui peu apr�s la naissance d'Enric fut
nomm� gouverneur militaire � Santa Cruz du Tenerife
(Illes Canaries). Cela fait que le premier environnement de
l'enfance du futur
ma�tre, comme il aimait se rappeller, �tait un
petit verger d'orangers et de citronniers qu'il
voyait de la fen�tre de sa maison et le parfum de
la fleur
d'oranger. Il avait l'habitude de dire de ces premi�res ann�es, qu'alors
il vivait dans un vrai paradis.
Un jour le p�re souffre une chute du cheval pendant une chevauch�e �
cons�quence de quoi, la famille se d�place � Barcelone. Ceci se passe en
1874 et le petit Enric a sept ans.
Ses parents s'�taient d�j� aper�us que le gar�on r�agissait d'une
mani�re sp�ciale � la musique et qu'il en jouissait d'une mani�re
inhabituelle chez un enfant de son �ge. Un coll�gue de son p�re, le
capitaine Josep Junceda, s'est offert pour lui donner les premi�res
le�ons de solf�ge. Le gar�on a rapidement progress� et le besoin est
aparu de lui chercher un professeur de piano pour d�velopper sa vocation
inn�e pour la musique. Il faisait partie alors de l'Escolania de la
Merc� (Choeur de la Merc�) et le ma�tre Francesc Xavier Jurnet a accept�
de lui donner des classes. Apr�s une courte p�riode, Jurnet �tait tr�s
satisfait des progr�s de son �l�ve auquel il avait montr� tout ce qu'il
savait.
Le r�cent d�c�s de son p�re (qui lui caus� un grand chagrin) r�veilla sa
responsabilit�, �tant un des fr�res ain�s de la nombreuse famille. Il
�tudiait jusqu'� dix heures par jour, avec l'aide de sa m�re, en
revoyant maintes et maintes fois toutes les pi�ces que Jurnet lui avait
pu enseigner. Il jouait aussi souvent pour les amis et les connaissances
qui les visitaient pour �couter �l'enfant prodige �, comme l'appelait un
jeune pianiste appel� Pic�, qui le visitait souvent. C'est lui qui a
parl� � sa m�re des qualit�s qu'il voyait dans ce petit Granados et lui
a fait voir l'int�r�t d'aller visiter le ma�tre Pujol.
L'Acad�mie
Pujol:
� cette �poque Joan Baptista Pujol �tait consid�r� le meilleur
professeur de piano de Barcelone. D'importants musiciens
ont �tudi� sous sa direction, entre autres,
Alb�niz,
Malats et Vidiella, avec
lesquels Granados � d�velop� une
amiti� et une profonde admiration. � L'Acad�mie
Pujol � �tait la forge de cette �cole catalane
pour pianistes o� un bon jour
s'est pr�sent�e Madame
Granados avec son fils pour parler avec
le directeur. Celui-ci a demand�
au jeune Grenados de jouer
au piano une pi�ce. Nous ne savons pas ce qu'a
jou� le jeune Granados, mais il devait
tr�s bien le faire, car il
n'a pas �t� n�cessaire d'insister � Mr. Pujol
qui imm�diatement l'a re�u comme
son �l�ve. Entre le ma�tre
et l'�l�ve est n�e une comp�n�tration
totale. Pujol a imm�diatement pens� � pr�senter
son �l�ve � un des c�l�bres
concours de l'Acad�mie pour pianistes d�butants,
un des points de rep�re
pour de jeunes r�v�lations. Il a instruit son �l�ve pour
pr�parer la Sonate en sol
mineur de Schumann, ce que Granados a
travaill� avec tout son enthousiasme. C'�tait
l'ann�e 1882 et il avait quinze ann�es au moment de se
pr�senter au concours, on
lui accorda le premier prix. Toute sa vie il se
souvint que la Sonate �tait la premi�re
oeuvre � honn�tte � qu'il
interpr�tait.
Travail pour subsister:
Pour aider au soutien de sa
maison (dix personnes
- entre les fils et les petits-fils de leur m�re),
Granados obtint
un poste de pianiste au
� Caf� de
las delicias � qui plus tard changea
son nom par "Lion d'Or".
La pr�sence de musiciens
�tait courante aux locaux �l�gants de la ville. Il gagnait cent
pesetas par mois de l'�poque (0,6
Euros).
Il a aussi travaill� un temps dans un caf� de la rue
H�pital, le "Caf� Filipino",
o� il accompagnait les gents qui
spontan�ment sortaient chanter o�
jouer des instruments divers, comme le violon,
la
trompette, etc.
Par la suite, il a donn� des classes aux fils d'Eduard Conde,
qui �tait le propri�taire des
magasins "El Siglo", gr�ce � l'intervention de
son fr�re Zoe qui joue le role d'interm�diaire et
� la Sonata de Schumann, qu'il
a interpr�t� � titre d'essai pour M. Conde,
qui fut touch� par la ma�trise du jeune
Granados.
Au m�me temps, il �crit ses premi�res
compositions. Ses douze c�l�bres
dances espagnoles datant
de 1883, fait qu'il aimait souligner quelques ann�es
plus tard quand elles
furent connues par le
public. Cette m�me ann�e a une tr�s grande
importance pour sa carri�re
comme
compositeur, puisque il approfondit son savoir
musical
avec l'aide du ma�tre
Felip Pedrell,
le musicologue et
p�dagogue
le plus important du
moment en Catalogne. Finalement il avait trouv� le
grand ma�tre que sa personnalit� r�clamait pour se
jetter
avec des bases solides au prestige et aux
reconnaissances qui l'attendaient dans tous les
entourages musicaux.
L'�tape
Parisienne:
Eduardo Comte �tait, en plus
un bon m�lomane qui comprit
tr�s rapidement la valeur
de Granados,
en se proclamant son m�c�ne inconditionnel.
Conde
pensea qu'il lui manquait
un s�jour � Paris,
tr�s necessaire � l'�poque pour suivre les
nouvelles tendances musicales. Conde
paya le d�placement et tous les frais
le temps n�cessaire.
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La p�riode parisienne fut tr�s agit�e. Peu
apr�s son arriv�e
il attrapa des fi�vres typho�des,
qu'il a tard� trois mois �
surmonter. Ceci va lui emp�cher d'�tre enregistr�
au Conservatoire, mais
il en profita pour faire un cours Schaller. Il est tr�s possible
que cet inconv�nient apparent s'av�rerait � long terme b�n�fique,
puisque ainsi
son temp�rament d'artiste n'�tait pas soumis a
d'horaires importuns.
� Paris il retrouva le grand pianiste
Ricard Vi�es,
comme lui n� � Lleida, excompagnon
de l'Acad�mie Pujol.
Ils v�curent ensemble
pendant un bonne partie de son s�jour
� l'"H�tel de Cologne
et d'Espagne ".
Grace
� Vi�es nous connaissons beaucoup d'anecdotes de
cette p�riode.
Un autre compagnon ins�parable de
cette p�riode �tait Malats,
aucun d'eux
se perdait les le�ons de Charles de
B�riot, qu'ils suivaient avec un enorme int�r�t.
Mais ensuite,
tel que font les jeunes gens, ils
s'amusaient tout ce qu'ils pouvaient.
Les documents de Vi�es nous montrent que ces
temps seraient
les plus heureux de sa
jeunesse.
Les �l�ves du Conservatoire donnaient leurs
auditions � le "Salle
Erard" et c'est ici que
Granados et Vi�es ont jou�
publiquement ensemble pour la premi�re fois,
aussi bien des pi�ces pour deux pianos, ou des
pi�ces
de Chopin, Schumann, de Grieg et
Bizet.
Bien qu'ils �tudient beaucoup, ils avaient le temps de
fr�quenter
les Concerts Lamoreux, la
"Com�die Fran�aise"
et p�dalaient sur un
tricycle invraisemblable qu'ils avaient
lou�.
Granados s'est
aussi int�ress� � la peinture, puisqu'il
mangeait les dimanches chez
Francesc Miralles,
d�j� tr�s connu, (�tant encore
petits enfants ils avaient �t� voisins � la rue
Rambla de Catalunya), o� il fouinait
entre les peintures et les chevalets. Plus
tard, ces incursions serviraient
pour concevoir
des croquis de ses
oeuvres. Cette �tape est finie
en
juillet 1889. Musicalement, Granados apprit dans
cette p�riode tout ce qu'il lui
manquait � savoir pour
d�velopper sa personnalit�.
� partir de son retour a
Barcelone il est d�j� un grand pianiste et il
se consacre �galement � la composition.
La
famille Granados-Gal:
Professionnellement,
Granados a jou�
son premier concert
important au
" Th��tre Lyrique" le 19
avril 1890, le premier
d'une s�rie qui avaient
pour but de se faire
conna�tre. Il entreprend une tourn�e
en Catalogne et aussi en Espagne
� Madrid, avec un grand succ�s.
Mais tr�s t�t sa vie fait un changement sp�cial.
Il conna�t Empar Galo Llobera, qui �tait
la fille d'un petit
industriel.
Granados ne perd
pas son temps. Ils se
marient le mois de juin 1893
� l'�glise de la Merc� de
Barcelone
et le mois de juillet de l'ann�e
suivante nait son premier fils, auquel ils ont
mis le nom de
Eduard en honneur de son m�c�ne M. Eduard
Conde. D'autres fils sont n�s plus
tard, Solita, Enric, V�ctor, Nat�lia et Paquito
le dernier, qui est n� en
1901. Une
famille que Granados
aimait
tendrement.
Il doit alors concilier la vie familiale
et professionnelle. Les
familles les plus li�es depuis longtemps avec les
Granados, seraient sp�cialement la famille Conde,
Mir�, Pi
i Sunyer et Andreu, qui seraient ses
seconds m�c�nes. Les
filles de
ce dernier, Carme, Madronita et Paquita
furent
ses �l�ves pr�f�r�es.
Il consacre une partie tr�s
importante de son temps � la composition et � la famille,
sans
faire des concerts.
Pendant cette p�riode il travaille � la composition de
l'op�ra Maria del Carmen dont la premi�re s'est tenue au Th��tre Cirque
de Parish � Madrid en 1898), la S�renade pour deux violons, un Trio pour
violon, violoncelle et piano, la Lettre d'amour, d�di�e � Amparo et la
Suite Valses po�tiques, d�di�e � Joaquim Matas.
En ce qui concerne son oeuvre
la plus populaire Goyescas,
en principe il s'agirait d'un recueil de pi�ces
inspir�es en Goya et son environnement, interpr�t�es
longtemps comme une suite pian�stique.
Comme cons�quence de son succ�s, son ami Ernest
Schelling lui a sugg�r� d'en faire une version
pour op�ra, qui ne sera finie
qu'en 1913, � un moment o� Granados �tait
au sommet de sa renomm�e.
Pendant une longue p�riode, Granados vit la vie
familiale, qu'elle combine avec la composition, il
r�duit le nombre de ses concerts. Il aappara�t
� nouveau face au public en novembre 1895, o�
elle joue la Rapsodie espagnole d'Alb�niz,
dans un concert m�morable par la quantit� de personnalit�s qu'il a
r�unie. Ily
�tait entre autres
Alb�niz, Nicolau et Morera. Nous
pouvons situer � ce moment la cons�cration
d�finitive de
Granados.
Entre les ann�es 1896 et 1897 il prend part aux
auditions de sonates avec le
violoniste belge Mathieu Crickboom, en faisant
partie du cuarteto du m�me nom, fond� par le
jouer de violon. Avec Pau Casals ils seraient les
premiers virtuoses invit�s. Il fonde aussi
en 1899 la "Soci�t� de
Concerts Classiques". L'intense activit� s'est
ressentie dans cette saison, ce
qui lui a emp�ch�
de finir des oppositions � une place de professeur du conservatoire de
Madrid
La capacit� p�dagogique de Granados:
En 1901 il cr�e "l'Acad�mie Granados",
d'abord � la rue Fontanella et post�rieurement
� l'angle de la
rue Girona et Casp. Ceci causa
un grand d�boire � Crickboom, parce que la collaboration
de Granados dans son quatuor s'en
est ressentie, Granados d�diant
beaucoup de temps � l'enseignement.
Les particularit�s de l'�cole, �taient l'attention depuis
le premier jour � la position du bras, la poignet et
des doigts, attention sp�ciale �
la p�dale - dont il est arriv�e � �crire le cahier
didactique "M�thode th�orico-pratique pour l'utilisation
des p�dales du piano" -, �viter d'acquerir
le plus petit vice et si l'�l�ve venait d'une autre �cole, commencer d�s le
d�but. Il faisait aussi r�p�ter insistamment les
Exercices pour cinq doigts, de B�riot, � ses disciples, car
il les consid�rait parfaits comme
prechauffage. Lui-m�me disait qu'il les pratiquait
toujours avant de jouer.
Personne tr�s sensible, il enseignait avec patience,
surveillait de ne pas se facher, il
�tait trop complaisant selon Boladeres. Fr�quement en
pleine le�on, s'excusant avec
l'�l�ve, il prenait des notes sur une id�e ou un passage
o� m�me il le jouait. Cette t�che a �t� connue t�t et
m�me au del� des fronti�res, parce que Granados
�tait tr�s dot� pour
l'enseignement. Sur cette question, nous notons ce qui dit Henri
Collar�n dans "Les Ma�tres d e la Musique" : "Le
double talent de Granados pour enseigner
le virtuosisme et la
composition s'est agrandi et d�velopp� d'une telle
mani�re, qu'il est arriv�e � �tre
pr�cocement couronn� comme une
gloire r�ellement mondiale".
De l'Acad�mie sont sortis une
grande quantit� d'artistes du niveau de Merc� Moner, Anna
March, Paquita Madriguera (plus tard la femme du guitariste Andres S�govia),
Ferran Via, Franck Marshall, Juli Pons, Baltasar Samper,
Ricard Vives, Josep et Empar Iturbi, Josep Caminals et un
long etcetera.
Le d�c�s pr�matur� de Granados en 1916, n'a pas mis un
terme � l'Acad�mie bien au contraire, parce que Franck
Marshall a assum� avec succ�s la direction d�finitive, puisqu'Eduard,
un fils du ma�tre, est
malheureusement mort � trente-quatre ans
� cause des fi�vres typho�des. C'est � partir de ce
moment qu'elle s'app�le "Acad�mie Marshall" (nom qui se
maintient � pr�sent). Celui-ci a su transmettre
parfaitement � ses �l�ves les m�mes
principes que Granados lui avait
enseign�. Des noms comme Alicia de Larrocha, Rosa Sabater,
Mar�a Vilardell, Carlota Garriga, Joan Tuesta et beaucoup
de d'autres, ont bu dans les sources que l'enseignant avait ouvertes. De
"l'Acad�mie Greanados", est
sorti ce qui a �t� post�rieurement appel� "�cole Granados",
parce que par la technique et les approches qu'il enseignait nous pouvons dire
que, avec Isaac Alb�niz, il a �t� le cr�ateur de la
moderne �cole catalane de piano.
La plenitude vitale:
L'activit� musicale
de Granados a co�ncid� avec le triomphe du
Modernisme (Art
Nouveau catalan). Son harmonie raffin�e �tait au service d'une
esth�tique romantique avec des influences de Schumann et de Listz.
Sa musique est impr�gn�e d'une
�l�gance sans fissure. En jouant au piano il
�tait sobre, sans aucune arrogance, loin d'afectations,
sans �quilibres inutiles
sur le clavier, il jouait
le corps droit et s�rieux avec la t�te bien
haute. Il transportait sa sensibilit� personnelle
au piano.
Son ami et m�c�ne, le docteur Andreu, lui finance
en 1912 la salle de concerts de l'Avenue du
Tibidabo 18
� Barcelone, o�
ses �l�ves avaient leur
premier contact face au public.
Entre ses �l�ves on compte avec Conxita Badia qui
a �tudi� le piano avec un
acceptable succ�s, mais Granados d�couvrit
ses extraordinaires
capacit�s pour le chant.
Il consid�ra
n�cessaire qu'elle laisse
le piano
pour s'y consacrer
exclusivement.
Conxita suivit les conseils de son ma�tre et parvint �
d�velopper, dans cette nouvelles sp�cialit�,
une carri�re musicale extraordinaire.
Le premier avril 1911 il s'est
tenu � la Salle Pleyel de Paris
la premi�re de "Goyescas"
qui �tait encore une suite pour piano, avec un grand succ�s. M. Pleyel
lui a demand� de r�p�ter le concert quatre jours plus
tard, en r�p�tant le grand succ�s. Enthousiasm�,
il fit cadeau � Granados du piano
� queue o� il avait jou� les deux
concerts. Ce piano
se conserve au Centre de Documentation Musicale
de la Generalitat de Catalogne.
D�s ce moment Goyescas attira
une attention sp�ciale des domaines
musicaux. Joaquim Malats, Alfred Cortot, Edouard Risler et d'autres
artistes la mentionnent dans leur correspondance. Dans
une lettre
adress�e � Joaqu�m Malats, Granados
avait signal�: "Goyescas
est le prix � mes efforts pour
triompher;
on dit que j'y suis
arriv�.
� Goyescas j'ai trouv�
toute ma personnalit� ; je suis tomb� amoureux de
la psychologie de Goya et de sa palette, par cons�quent de son
�l�gante Maja; de son
Majo aristocratique, de lui et de la duchesse d'Albe
; de ses
disputes, de ses amours, de ses galanteries.
Ce blanc ros� de ses joues, contrastant avec les
blondes et les velours noirs avec... ces corps de
ceinture ondulante, mains de nacre et carmin
pos�s sur des jais ; m'ont
troubl�, Joaquin. En fin,
tu verras si ma musique sonne � cette couleur".
Il faisait longtemps que Ernest Schelling lui
avait sugg�r� la mise en sc�ne de l'oeuvre. En fait,
il fallait
que finalement Granados
m�risse l'id�e, et
se d�cid� � le faire, se m�tant
au travail imm�diatement.
Parall�lement, on a charg� le libret � Fernando
Periquet,
qui avait dej� collabor�
avec lui pour le texte des chansons de Tonadillas.
Nous savons que l'oeuvre a �t� orchestr�e
entre Barcelone et Vilassar de Mer, dans une maison qu'il
avait lou�e.
� la fin de 1913 l'oeuvre
�tait pr�te. Faites les
d�marches prealables, l'oeuvre devait �tre
jou�e pour la premi�re fois � l'Op�ra de Paris
dans les premiers mois de 1915, comme confirmait enthousiasm�
son directeur M. Jacques Roucher dans une
lettre dat�e le 22 juin 1914. Cette premi�re
devait �tre la cons�cration mondiale de l'artiste.
La premi�re de Goyescas, la Grande guerre et ses cons�quences:
Mais la
guerre europ�enne (Premi�re guerre mondiale) �clate cette m�me ann�e et
cela change les plans trac�s pour la premi�re de Goyescas qui ne pouvait
plus se tenir � Paris. Schelling s'est montr� tr�s actif en cherchant le
moment opportun et les personnes ad�quates, il a obtenu que le
Metropolitan Op�ra House de New York, l'inclue dans son programme pour
la saison 1915-1916. Il trouverait l� aussi Pau Casals, auquel on a
demand� de faire les premiers essais avec l'orchestre.
Granados a v�cu avec inqui�tude le changement de plans, parce qu'il
n'�tait effectivement pas le moment le plus appropri� pour se faire � la
mer. "Dans ce voyage je laisserai la peau", il s'�tait exclam� en
plaisantant � un certain moment. Finalement Granados et sa femme Empar
partent de Barcelone en novembre 1915 dans le bateau "Montevideo" o� se
d�place aussi le guitariste Miguel Llovet, chose qui leur permettra de
rendre la travers�e plus int�ressante. Le bateau fait escale � Cadix et
le 30 du m�me mois ils partent d�finitivement pour la travers�e de
l'Atlantique.
Par une lettre que Granados �crit � ses fils en arrivant � New York,
nous savons qu'ils ont �t� arr�t�s par une croiseur de guerre fran�ais,
le "Cassard", incident qui n'a eu aucune importance, mais qui est
parvenu � inqui�ter les passagers. Une fois d�contract�s, Granados ,
homme d'esprit exclame: "S'ils nous arr�tent � nouveau, je
descends!". Dans la m�me lettre il d�crit le voyage : "...il devait
durer 10 jours et en r�alit� il en a dur� 15. Quelques heures de calme
et le reste un mauvais temps qui ne finissait jamais. Nous croyions que
nous ne parviendrions pas � vous revoir. Un apr�s-midi, votre m�re et
moi, nous sommes embrass�s et pri� Dieu de vous guider... ". Ils
sont arriv�s � New York le 15 d�cembre. Les essais se commencent
rapidement avec l'orchestre, avec laquelle, tel que pr�vu, Pau Casals
avait d�j� travaill�.
Avant la premi�re, le 23 janvier il offre un concert avec le c�l�bre
violoncelliste � la soci�t� "The friends of Music". Il enregistre
quelques petits rouleaux de pianola pour la compagnie Aeolian, en plus
d'assister l� o� il est invit�. Le fait d'avoir un artiste europ�en � ce
moment l� en Am�rique du Nord �tait un luxe.
Quelques jours avant la premi�re, l'impresario a consid�r� qu'� l'oeuvre
il lui manquait un interlude ce qu'il � dit a Granados. Dans une nuit il
�crit celle qui devait �tre sa derni�re oeuvre et une des plus connues,
mais il n'est pas trop satisfait, ce qu'il explique � Casals: "J'ai
fait une chose de mauvaise foi, vulgaire, face au public. Il m'a sorti
une Jota! (tipique danse aragonaise)" La r�ponse de Casals le
tranquillise : "Parfait - lui dit il -. Goya n'�tait pas aragonais?".
Joan Alavedra �crira par la suite : "... chaque fois que Casals joue
cet interlude, avec ce soupir de tristesse qui finit l'oeuvre, il para�t
qu'il dise "Au revoir!" � son ami".
Finalement arrive le jour de la premi�re. L'orchestre est dirig�e par le
ma�tre Gaetano Bavagnoli, le choeur par Giulio Setti et le vestiaire et
les d�cors sont charg�s � Antonio Rovescalli. Les applaudissements sont
prolong�s cette nuit, mais le jour suivant une partie de la critique se
lance sur lui, en l'accusant de pr�somptueux et en d�daignant l'oeuvre,
qui plus qu'un op�ra, ils disent, semble un po�me symphonique "avec
une partie de chanson plus ou moins heureuse, adapt�e � un libret pauvre".
D'autres en parlant "... du nerf, de la po�sie, le charme myst�rieux,
la richesse et la couleur, le mouvement, l'habilit� dans la composition
polyphonique, les stridences...". En tout Goyescas a �t� repr�sent�e
seulement cinq fois. Elle s'est av�r� �conomiquement catastrophique,
mais ceci n'a pas r�duit le protagonisme au personnage qui a �t� invit�
par le pr�sident Wilson � la Maison Blanche.
Pour s'occuper de l'invitation il est oblig� de changer les passages
pour l'Europe. � cause de son d�sir de rencontrer rapidement ses fils,
qu'il ne voit depuis trois mois, il prend des passages pour deux bateaux
: "Le S.S. Rotterdam" (N�erlandais), pour aller de New York � Falmouth,
et le "Sussex" (Britannique), de Folkestone � Dieppe. Le 7 mars il joue
le concert � la Maison Blanche et le jour suivant il y a un repas �
l'Ambassade d'Espagne. L� l'ambassadeur Juan Ria�o lui fait voir qu'il
est une t�m�rit� de voyager dans un bateau bellig�rant. Il y a des
tentatives de changer les billets, mais il n'en a pas le temps et c'est
ainsi que le 11 mars le couple Granados part de New York.
Les adieux au quai sont incroyables. Beaucoup d'amis et d'artistes y ont
assist�, entre eux, Shelling, Kreisler et Paderewski. Ils lui font
livraison d'une coupe d'argent comm�morative de l'�v�nement, dans
laquelle sont enregistr�es les signatures de tous et un passage de Goyescas, avec quatre mille cent dollars � l'int�rieur. Ils arrivent �
Falmouth le 19, et visitent Londres. Le 24 ils partent de Folkestone �
bord du "Sussex", de la Compagnie de Chemins de fer de l'�tat fran�ais �
13.15 heures. Deux heures plus tard le bateau est torpill� par un
sous-marin allemand.
D'apr�s ce qu'on peut lire au "Bulletin d'information pour l'Espagne et
l'Am�rique du Sud" du mois de juin 1916, � 14.50 heures les horloges de
bord se sont arr�t�es, ce qui para�t indiquer l'heure de la catastrophe.
Le bateau a �t� divis� en deux, la proue � rapidement sombr� tandis que
la poupe restait � la d�rive, �tant remorqu�e jusqu'� Boulogne, comme
ont expliqu� les survivants. Le nombre de morts est estim� en quelque
quatre-vingt, entre eux le couple Granados, ses restes n'�tant jamais
trouv�es. Dans la partie remorqu�e qui n'a pas sombr� il y avait la
cabine du couple, avec tous les bagages.
Joan Alavedra explique que de tous les hommages qui lui ont �t� faits,
celui qu'organisa Pau Casals fut sp�cialement �motif. Dans le m�me
Metropolitan o� Granados avait salu� le public quelques jours avant,
Casals, Paderewsyi, Maria Barrientos, Julia Culp et le t�nor McCormack
ont jou� ensemble. Comme au revoir, avec un grand respect et tout le
monde en pied, Paderewski a jou� � la m�moire Granados la Marche fun�bre
de Chopin, avec toutes les lumi�res du th��tre �teintes et avec
seulement un cand�labre allum� pr�s du piano. Granados est mort quelques
mois avant de f�ter ses 49 ann�es. Son grand ami Alb�niz quelques jours
avant.
Commentaires
sur la vie
et l'oeuvre de Granados:
�
Ricard Vi�es,
compagnon
d'�tudes et grand ami dit:
"Le caract�re
d'Enric
�tait tr�s optimiste et gai, au point qu'il le
transmettait facilement � tout son entourage, � cause de ses boutades et
sa mani�re de rire"
�
Joan
Alavedra
dit: "j'ai
toujours cru que Granados �tait un homme heureux. Je ne fais pas
allusion � ses succ�s..., mais aux �motions que
lui causait une receptivit� exceptionnelle, qui en lui se traduisait
immediatement en musique...elle s'�coule de mani�re naturelle... avec
ses grands yeux r�veurs, il se prom�ne par la rue en �coutant de la
musique au point que, fr�quemment il doit s'arreter et �crire la mesure
sur les manchettes blanches de sa chemise".
�
Son ma�tre
Felip Pedrell
dit dans un
article au journal "La Vanguardia": "Nos
lessons n'etaient pas strictement des lessons;
elles �taient des conversations o� moins encore,
des causeries entre compagnons
avec plus d'humeur que de conseils.
Je voyais que quand nous parlions de probl�mes
techniques compliqu�s, il se concentrait en soi m�me; et me rendant
compte que la regle s�che et froide n'etait pas accept�e par son
intellig�nce, je pris la d�cision de ne jamais lui parler de r�gles,
resolutions et hi�roglyphes t�chniques, mais au
contraire de lui parler de go�t d�licat et
cultiv�, ne me souciant de rien d'autre, seulement de diriger une si
exceptionnelle intellig�nce".
�
Conxita Bah�a disait: "Il
y a une mani�re de jouer, un style Granados".
� Le critique parisien
G. Jean Aubry �crit par rapport au
concert tenu � la Salle Pleyel
le 5 avril
1911:
"Granados joue ses oeuvres de mani�re
exhasperante
pour les meilleurs
pianistes, et avec une telle intention, que personne les connait tr�s
bien s'il ne les a pas entendu jouer � lui m�me. Je suis convaincu que
nous sommes en pr�s�nce du meilleur interpr�te que la musique de piano
ha produit en Espagne depuis la mort d'Alb�niz."
�
Le
pianiste
Edouard Risler parle de "�intention de chaque
phrase, la nuance de chaque accent sans perdre
jamais la ligne expressive,
le large contour de l'oeuvre�"
�
Claude Debussy dit de lui: "Il
avait une t�te g�niale qu'il amenait d'une
mani�re gentille que l'on ne peut pas oublier facilement".
�
Le musicien et ami
Joaquim Nin �tait un grand
admirateur de Granados: "� et me seduit
son exhuberante imagination�, son desordre
improvis�, sa noblesse�,
ses grands yeux
toujours pr�s � pleurer, de rire,
s'admirer o� se surprende de tout�"
explique Henri Collet
dans son livre Alb�niz et Granados.
Honneurs
et d�corations qui lui ont �t� acord�s:
�
La
Croix de la L�gion d'Honneur.
(France)
�
Las
Palmes de l'Acad�mie.
(France)
�
La
Plaque de Commendeur
de l'Ordre Civile
d'Alfonso
XII. (Espagne)
�
La
Croix de Chevalier de l'Ordre de Carlos
III. (Espagne)
�
La m�daille
d'argent des arts et des lettres
de
The Hispanic Society of Am�rica,
a New York
avant la premi�re de Goyescas le
16
janvier 1916. (U.S.A.)
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