ENRIC GRANADOS I CAMPI�A   (1867-1916)

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 Sur Enric Granados:  Biographie  Les premi�res ann�es  L'Acad�mie Pujol  Travailler pour subsister  L'�tape Parisienne  Famille Granados-Gal  La capacit� p�dagogique de Granados  La pl�nitude vital La premi�re de Goyescas, la Grande guerre et ses cons�quences
 Oeuvre Musique pour piano  Musique de chambre  Musique pour orchestre  Musique vocale   Musique sc�nique
 Sources et information additionnelle:  Commentaires sur la vie et l'oeuvre de Granados   Honneurs et d�corations   Livres sur Granados   Links   Bibliographie   Autres Musiciens Art Nouveau Catalans 
 
Portraits de Enric Granados


Portrait dédicacé de Enric Granados jeune homme
 

 
Portrait de Enric Granados dédicacé à son élève Franck Marshall
 
 
Portrait de Enric Granados
 

 

Portrait de Enric Granados dédicacé à Franck (Marshall)
 
 
 

 

Oeuvre:

Musique pour piano:
-Clotilde (mazurca)
-Elvira (mazurca)
-A l'ancienne mani�re (bourr�e)
-Lettre de amour
-Valses po�tiques
-Carezza (vals)
-Valse de concert
-Exquise (valse gitane)
-Minuetto du bonheur
- L'amour de la Vierge
- Impressions de voyage
- Six marches militaires ( desquelles deux sont � quatre mains)
-Rapsodie aragonaise
-Caprice espagnol
-A la mode cubaine
-Moresca
-Danse lente
-J�cara (danse)
-Au village
(huit pi�ces pour quatre mains)
- Danse gitane
- Chanson et danse
-Danses pour chanter et danser
-Douze danses espagnoles (1890 - Pour piano, trois d'elles orchestr�es par Joan Lamote de Grignon):
   �Galante
   �Orientale
   �Fandango
   �Villanesca
   �Andal
ouse
   �Rondalla aragon
aise
   �Valenci
enne
   �Sardan
e
   �Rom
antique
   �M
�lancolique
   �Arabes
que
   �Bolero
-Six pi�ces sur des chansons populaires espagnoles
-Sc�nes romantiques (1903 - huit pi�ces):
 
�Mazurca
  �Berceuse
  �Alegretto
  �Mazurca
  �Allegro appassionato
  �
�pilogue

-Sc�nes po�tiques (deux s�ries)
-Livre d'heures
-Croquies (1912):
 
�Le r�veil du chasseur
  �
La f�e et l'enfant
  �Vals
e tr�s lente
  �La c
loche de l'apr�s-midi

-Contes de la jeunesse
-Sc�nes enfantines
-Allegro de concert (1903)
-Allegro apassionato
-Fantaisie
-Paysage
-Romeo et Julieta
-Goyescas (1911 - Suite pour piano - six pi�ces plus tard orchestr�es):
 
�Les propos galants
  �Col
loque � la grille
  �Duo d
'amour
  �
Plaintes ou La maja et le rossignol
  �
L'amour et la mort (balade)
  �
�pilogue, serenade du spectre

-Oeuvres faciles pour l'�ducaton du sentiment
-Six �tudes expressives en forme de pi�ces faciles
-Deux impromptus
-Impromptu et barcarole
-El pelele (Le pantin)
-� la prairie
-Le cr�puscule
-Ni ainsi il la distingue
-El tango des yeux verts

Musique de chambre:
- Sonate pour violon et piano
- Sonate pour violoncelle et piano
- Trio pour piano, violon et violoncelle
- Cuarteto pour deux violons, viole et violoncelle
- Romance (quatuor � corde)
-Serenate (deux violons et piano)
- Quintette pour piano et corde
- Andante (violon et piano)
-Premi�re romance (violon et piano)
-Madrigal (violoncelle et piano)
-Trova (violoncelle et piano)
-Orientale (hautbois et corde)
-Sc�ne religieuse (violon, orgue, piano et timbale)
- Trois preludes

Musique pour orchestre:
- Dante ou La Divine Com�die  (1908 - po�me symphonique)
-La nit du mort (1912 - suite)
-Elisenda (1912 - suite)
- No�l
- Suite orientale
- Suite sur des chansons galiciens (cinq temps)
- Legende de la f�e
- Marche des vaincus
- Torrijos
- Danse gitane
- Serenate
- �bauches de deux concerts et une symphonie
-Interlude de Goyescas (1916 - derni�re oeuvre)

Musique vocale:
-Chansons d'amour (1915 - pour voix et piano - texte, F. Periquet):
�Dscouvrir le secret
�Ma�anica era (Il �tait tot)
�Mira que soy ni�a (Fais attention je suis une petite fille)
�Gracia mia (Ma grace)
�Ils allaient � la pin�de
�Ne pleurez pas petits yeux
- Tonadillas (1910):
�Amour et haine
�Callejeo (Promenade)
�Le majo discret
�Le majo timide
�Le regard de la maja
�Le tra-la-la et le punteado (pointill�)
�La maja de Goya
�La maja Douloureuse I, II, III
�Oh majo de ma vie !
�Oh mort cruelle
�De ce majo amant
�Les currutacas modestes
�Si al Retiro me llevas (Si tu m'emmenes au parc du Retiro)
�
Le majo oubli�
- Boires baixes (Brouillards)
- L'ocell proph�te (L'oiseau proph�te - texte: Comtesse du Castell�)
-Elegie �ternelle et Le roi et le  jongleur (texte: Apel�les Mestres)
- Can�oneta (Petite chanson)
- Chanson du pestill�n
- Can�� de Janer (Chanson de janvier)
- Chanson des �toiles (choeur, orgue et piano)

Musique sc�nique:
-Maria del Carmen (1898 - Op�ra - texte: Josep Feliu i Codina)
-Goyescas (1916 - Op
�ra - texte: F. Periquet)
-Ovillejos
-Miel de la Alcarria
-Blancaflor (texte: Adri� Gual)
-Petrarca
-Picarol (1901)
-Follet (
Faune - 1903)
-Gaziel (1906)
-Liliana, (1911 - text
e: Apel�les Mestres)

Biographie:

Les premi�res ann�es:
Granados na�t � Lleida le 27 juillet 1867. Ses parents sont Calixto Granados et Enriqueta Campi�a. Son p�re �tait capitaine de l'arm�e, d'origine cubaine qui peu apr�s la naissance d'Enric fut nomm� gouverneur militaire � Santa Cruz du Tenerife (Illes Canaries). Cela fait que le premier environnement de l'enfance du futur ma�tre, comme il aimait se rappeller, �tait un petit verger d'orangers et de citronniers qu'il voyait de la fen�tre de sa maison et le parfum de la fleur d'oranger. Il avait l'habitude de dire de ces premi�res ann�es, qu'alors il vivait dans un vrai paradis.
Un jour le p�re souffre une chute du cheval pendant une chevauch�e � cons�quence de quoi, la famille se d�place � Barcelone. Ceci se passe en 1874 et le petit Enric a sept ans.
Ses parents s'�taient d�j� aper�us que le gar�on r�agissait d'une mani�re sp�ciale � la musique et qu'il en jouissait d'une mani�re inhabituelle chez un enfant de son �ge. Un coll�gue de son p�re, le capitaine Josep Junceda, s'est offert pour lui donner les premi�res le�ons de solf�ge. Le gar�on a rapidement progress� et le besoin est aparu de lui chercher un professeur de piano pour d�velopper sa vocation inn�e pour la musique. Il faisait partie alors de l'Escolania de la Merc� (Choeur de la Merc�) et le ma�tre Francesc Xavier Jurnet a accept� de lui donner des classes. Apr�s une courte p�riode, Jurnet �tait tr�s satisfait des progr�s de son �l�ve auquel il avait montr� tout ce qu'il savait.
Le r�cent d�c�s de son p�re (qui lui caus� un grand chagrin) r�veilla sa responsabilit�, �tant un des fr�res ain�s de la nombreuse famille. Il �tudiait jusqu'� dix heures par jour, avec l'aide de sa m�re, en revoyant maintes et maintes fois toutes les pi�ces que Jurnet lui avait pu enseigner. Il jouait aussi souvent pour les amis et les connaissances qui les visitaient pour �couter �l'enfant prodige �, comme l'appelait un jeune pianiste appel� Pic�, qui le visitait souvent. C'est lui qui a parl� � sa m�re des qualit�s qu'il voyait dans ce petit Granados et lui a fait voir l'int�r�t d'aller visiter le ma�tre  Pujol.

L'Acad�mie Pujol:
� cette �poque Joan Baptista Pujol �tait consid�r� le meilleur professeur de piano de Barcelone. D'importants musiciens ont �tudi� sous sa direction, entre autres,
Alb�niz, Malats et Vidiella, avec lesquels Granados � d�velop� une amiti� et une profonde admiration. � L'Acad�mie Pujol ï¿½ �tait la forge de cette �cole catalane pour pianistes o� un bon jour s'est pr�sent�e Madame Granados avec son fils pour parler avec le directeur. Celui-ci a demand� au jeune Grenados de jouer au piano une pi�ce. Nous ne savons pas ce qu'a jou� le jeune Granados, mais il devait tr�s bien le faire, car il n'a pas �t� n�cessaire d'insister � Mr. Pujol qui imm�diatement l'a re�u comme son �l�ve. Entre le ma�tre et l'�l�ve est n�e une comp�n�tration totale. Pujol a imm�diatement pens� � pr�senter son �l�ve � un des c�l�bres concours de l'Acad�mie pour pianistes d�butants, un des points de rep�re pour de jeunes r�v�lations. Il a instruit son �l�ve pour pr�parer la Sonate en sol mineur de Schumann, ce que Granados a travaill� avec tout son enthousiasme. C'�tait l'ann�e 1882 et il avait quinze ann�es au moment de se pr�senter au concours, on lui accorda le premier prix. Toute sa vie il se souvint que la Sonate �tait la premi�re oeuvre � honn�tte ï¿½ qu'il interpr�tait.

Travail pour subsister:
Pour aider au soutien de sa maison (dix personnes - entre les fils et les petits-fils de leur m�re), GranadosMasque mortuaire de Beethoven propriété de Granados obtint un poste de pianiste au � Caf� de las delicias ï¿½ qui plus tard changea son nom par "Lion d'Or". La pr�sence de musiciens �tait courante aux  locaux �l�gants de la ville. Il gagnait cent pesetas par mois de l'�poque (0,6 Euros).
Il a aussi travaill� un temps dans un caf� de la rue H�pital, le "Caf� Filipino", o� il accompagnait les gents qui
 spontan�ment sortaient chanter o� jouer des instruments divers, comme le violon, la trompette, etc.
Par la suite, il a donn� des classes aux fils d'Eduard Conde, qui �tait le propri�taire des magasins "El Siglo", gr�ce � l'intervention de son fr�re Zoe qui joue le role d'interm�diaire et � la Sonata de Schumann, qu'il a interpr�t� � titre d'essai pour M. Conde, qui fut touch� par la ma�trise du jeune Granados.
Au m�me temps, il �crit ses premi�res compositions. Ses douze c�l�bres dances espagnoles datant de 1883, fait qu'il aimait souligner quelques ann�es plus tard quand elles furent connues par le public. Cette m�me ann�e a une tr�s grande importance pour sa carri�re comme compositeur, puisque il approfondit son savoir musical avec l'aide du ma�tre
Felip Pedrell, le musicologue et p�dagogue le plus important du moment en Catalogne. Finalement il avait trouv� le grand  ma�tre que sa personnalit� r�clamait pour se jetter avec des bases solides au prestige et aux reconnaissances qui l'attendaient dans tous les entourages musicaux.

L'�tape Parisienne:
Eduardo Comte �tait, en plus un bon m�lomane qui comprit tr�s rapidement la valeur de Granados, en se proclamant son m�c�ne inconditionnel. Conde pensea qu'il lui manquait un s�jour � Paris, tr�s necessaire � l'�poque pour suivre les nouvelles tendances musicales. Conde paya le d�placement et tous les frais le temps n�cessaire.
Plaque en bronze avec le profil de Granados
La p�riode parisienne fut tr�s agit�e. Peu apr�s son arriv�e il attrapa des fi�vres typho�des, qu'il a tard� trois mois �
surmonter. Ceci va lui emp�cher d'�tre enregistr� au Conservatoire, mais il en profita pour faire un cours Schaller. Il est tr�s possible que cet inconv�nient apparent s'av�rerait � long terme b�n�fique, puisque ainsi son temp�rament d'artiste n'�tait pas soumis a d'horaires importuns.
�
Paris il retrouva le grand pianiste Ricard Vi�es, comme lui n� � Lleida, excompagnon de l'Acad�mie Pujol. Ils v�curent ensemble pendant un bonne partie de son s�jour � l'"H�tel de Cologne et d'Espagne ". Grace � Vi�es nous connaissons beaucoup d'anecdotes de cette p�riode. Un autre compagnon ins�parable de cette p�riode �tait Malats, aucun d'eux se perdait les le�ons de Charles de B�riot, qu'ils suivaient avec un enorme int�r�t. Mais ensuite, tel que font les jeunes gens, ils s'amusaient tout ce qu'ils pouvaient.
Les documents de Vi�es nous montrent que ces temps seraient les plus heureux de sa jeunesse. Les �l�ves du Conservatoire donnaient leurs auditions � le "Salle Erard" et c'est ici que Granados et Vi�es ont jou� publiquement ensemble pour la premi�re fois, aussi bien des pi�ces pour deux pianos, ou des pi�ces de Chopin, Schumann, de Grieg et Bizet.
Bien qu'ils �tudient beaucoup, ils avaient le temps de fr�quenter les Concerts Lamoreux, la "Com�die Fran�aise" et p�dalaient sur un tricycle invraisemblable qu'ils avaient lou�.
Granados s'est aussi int�ress� � la peinture, puisqu'il mangeait  les dimanches chez Francesc Miralles, d�j� tr�s connu, (�tant encore petits enfants ils avaient �t� voisins � la rue Rambla de Catalunya), o� il fouinait entre les peintures et les chevalets. Plus tard, ces incursions serviraient pour concevoir des croquis de ses oeuvres. Cette �tape est finie en juillet 1889. Musicalement, Granados apprit dans cette p�riode tout ce qu'il lui manquait � savoir pour d�velopper sa personnalit�.  ï¿½ partir de son retour a Barcelone il est d�j� un grand pianiste et il se consacre �galement � la composition.

La famille Granados-Gal:
Professionnellement, Granados a jou� son premier concert important au " Th��tre Lyrique" le 19 avril 1890, le premier d'une s�rie qui avaient pour but de se faire conna�tre. Il entreprend une tourn�e en Catalogne et aussi en Espagne � Madrid, avec un grand succ�s.
Mais tr�s t�t sa vie fait un changement sp�cial. Il conna�t Empar Galo Llobera, qui �tait la fille d'un petit industriel. Granados ne perd pas son temps. Ils se marient le mois de juin 1893 � l'�glise de la Merc� de Barcelone et le mois de juillet de l'ann�e suivante nait son premier fils, auquel ils ont mis le nom de Eduard en honneur de son m�c�ne M. Eduard Conde. D'autres fils sont n�s plus tard, Solita, Enric, V�ctor, Nat�lia et Paquito le dernier, qui est n� en 1901. Une famille que Granados aimait tendrement.
Il doit alors concilier la vie familiale et professionnelle. Les familles les plus li�es depuis longtemps avec les Granados, seraient sp�cialement la famille Conde, Mir�, Pi i Sunyer et Andreu, qui seraient ses seconds m�c�nes. Les filles de ce dernier, Carme, Madronita et Paquita furent ses �l�ves pr�f�r�es.
Il consacre une partie tr�s importante de son temps � la composition et � la famille, sans faire des concerts.
Pendant cette p�riode il travaille � la composition de l'op�ra Maria del Carmen dont la premi�re s'est tenue au Th��tre
Franck Marshall, disciple de Granados et succésseur de son oeuvre musicale par moyen de l'Académie Marshall Cirque de Parish � Madrid en 1898), la S�renade pour deux violons, un Trio pour violon, violoncelle et piano, la Lettre d'amour, d�di�e � Amparo et la Suite Valses po�tiques, d�di�e � Joaquim Matas.
En ce qui concerne son oeuvre la plus populaire Goyescas, en principe il s'agirait d'un recueil de pi�ces inspir�es en Goya et son environnement, interpr�t�es longtemps comme une suite pian�stique. Comme cons�quence de son succ�s, son ami Ernest Schelling lui a sugg�r� d'en faire une version pour op�ra, qui ne sera finie qu'en 1913, � un moment o� Granados �tait au sommet de sa renomm�e.
Pendant une longue p�riode, Granados vit la vie familiale, qu'elle combine avec la composition, il r�duit le nombre de ses concerts. Il aappara�t � nouveau face au public en novembre 1895, o� elle joue la Rapsodie espagnole d'Alb�niz, dans un concert m�morable par la quantit� de personnalit�s qu'il a r�unie. Ily �tait entre autres Alb�niz, Nicolau et Morera. Nous pouvons situer � ce moment la cons�cration d�finitive de Granados.
Entre les ann�es 1896 et 1897 il prend part aux auditions de sonates avec le violoniste belge Mathieu Crickboom, en faisant partie du cuarteto du m�me nom, fond� par le jouer de violon. Avec Pau Casals ils seraient les premiers virtuoses invit�s. Il fonde aussi en 1899 la "Soci�t� de Concerts Classiques". L'intense activit� s'est ressentie dans cette saison, ce qui lui a emp�ch� de finir des oppositions � une place de professeur du conservatoire de Madrid

La capacit� p�dagogique de Granados:Couverture du Réglement l'Académie Granados
En 1901 il cr�e "l'Acad�mie Granados", d'abord � la rue Fontanella et post�rieurement � l'angle de la rue Girona et Casp. Ceci causa un grand d�boire � Crickboom, parce que la collaboration de Granados dans son quatuor s'en est ressentie,  Granados d�diant beaucoup de temps � l'enseignement.
Les particularit�s de l'�cole, �taient l'attention depuis le premier jour � la position du bras, la poignet et des doigts, attention sp�ciale � la p�dale - dont il est arriv�e � �crire le cahier didactique "M�thode th�orico-pratique pour l'utilisation des p�dales du piano" -, �viter d'acquerir le plus petit vice et si l'�l�ve venait d'une autre �cole, commencer d�s le d�but. Il faisait aussi r�p�ter insistamment les Exercices pour cinq doigts, de B�riot, � ses disciples, car il les consid�rait parfaits comme prechauffage. Lui-m�me disait qu'il les pratiquait toujours avant de jouer.
Personne tr�s sensible, il enseignait avec patience, surveillait de ne pas se facher, il �tait trop complaisant selon Boladeres. Fr�quement en pleine le�on, s'excusant avec l'�l�ve, il prenait des notes sur une id�e ou un passage o� m�me il le jouait. Cette t�che a �t� connue t�t et m�me au del� des fronti�res, parce que Granados �tait tr�s dot� pour l'enseignement. Sur cette question, nous notons ce qui dit Henri Collar�n dans "Les Ma�tres d
La pianiste Alicia de Larrocha, brillant interprète de la musique de Granadose la Musique" : "Le double talent de Granados pour enseigner le virtuosisme et la composition s'est agrandi et d�velopp� d'une telle mani�re, qu'il est arriv�e � �tre pr�cocement couronn� comme une gloire r�ellement mondiale".
De l'Acad�mie sont sortis une grande quantit� d'artistes du niveau de Merc� Moner, Anna M
arch, Paquita Madriguera (plus tard la femme du guitariste Andres S�govia), Ferran Via, Franck Marshall, Juli Pons, Baltasar Samper, Ricard Vives, Josep et Empar Iturbi, Josep Caminals et un long etcetera.
Le d�c�s pr�matur� de Granados en 1916, n'a pas mis un terme � l'Acad�mie bien au contraire, parce que Franck Marshall a assum� avec succ�s la direction d�finitive, puisqu'Eduard, un fils du ma�tre, est malheureusement mort � trente-quatre ans � cause des fi�vres typho�des. C'est � partir de ce moment qu'elle s'app�le "Acad�mie Marshall" (nom qui se maintient � pr�sent). Celui-ci a su transmettre parfaitement � ses �l�ves les m�mes principes que Granados lui avait enseign�. Des noms comme Alicia de Larrocha, Rosa Sabater, Mar�a Vilardell, Carlota Garriga, Joan Tuesta et beaucoup de d'autres, ont bu dans les sources que l'enseignant avait ouvertes. De "l'Acad�mie Greanados", est sorti ce qui a �t� post�rieurement appel� "�cole Granados", parce que par la technique et les approches qu'il enseignait nous pouvons dire que, avec Isaac Alb�niz, il a �t� le cr�ateur de la moderne �cole catalane de piano.

La plenitude vitale:
L'activit� musicale de Granados a co�ncid� avec le triomphe du Modernisme (Art Nouveau catalan). Son harmonie raffin�e �tait au service d'une esth�tique romantique avec des influences de Schumann et de Listz. Sa musique est impr�gn�e d'une �l�gance sans fissure. En jouant au piano il �tait sobre, sans aucune arrogance, loin d'afectations, sans �quilibres inutiles sur le clavier, il jouait le corps droit et s�rieux avec la t�te bien haute. Il transportait sa sensibilit� personnelle au piano.
Son ami et m�c�ne, le docteur Andreu, lui finance en 1912 la salle de concerts de  l'Avenue du Tibidabo 18 � Barcelone, o� ses �l�ves avaient leur premier contact face au public.
Entre ses �l�ves on compte avec Conxita Badia qui a �tudi� le piano avec un acceptable succ�s, mais Granados
Conxita Badia, pianiste et chanteuse interprète de Granados d�couvrit ses extraordinaires capacit�s pour le chant. Il consid�ra n�cessaire qu'elle laisse le piano pour s'y consacrer exclusivement. Conxita suivit les conseils de son ma�tre et parvint � d�velopper, dans cette nouvelles sp�cialit�,  une carri�re musicale extraordinaire.
Le premier avril 1911 il s'est tenu � la Salle Pleyel de Paris la premi�re de "Goyescas" qui �tait encore une suite pour piano, avec un grand succ�s. M. Pleyel lui a demand� de r�p�ter le concert quatre jours plus tard, en r�p�tant le grand succ�s. Enthousiasm�, il fit cadeau � Granados du piano � queue o� il avait jou� les deux concerts. Ce piano se conserve au Centre de Documentation Musicale de la Generalitat de Catalogne.
D�s ce moment Goyescas attira une attention sp�ciale des domaines musicaux. Joaquim Malats, Alfred Cortot, Edouard Risler et d'autres artistes la mentionnent dans leur correspondance. Dans une lettre adress�e � Joaqu�m Malats, Granados avait signal�: "Goyescas est le prix � mes efforts pour triompher; on dit que j'y suis arriv�. � Goyescas j'ai trouv� toute ma personnalit� ; je suis tomb� amoureux de la psychologie de Goya et de sa palette, par cons�quent de son �l�gante Maja; de son Majo aristocratique, de lui et de la duchesse d'Albe ; de ses disputes, de ses amours, de ses galanteries. Ce blanc ros� de ses joues, contrastant avec les blondes et les velours noirs avec... ces corps de ceinture ondulante, mains de nacre et carmin pos�s sur des jais ; m'ont troubl�, Joaquin. En fin, tu verras si ma musique sonne � cette couleur". Il faisait longtemps que Ernest Schelling lui avait sugg�r� la mise en sc�ne de l'oeuvre. En fait, il fallait que finalement Granados m�risse l'id�e, et se d�cid� � le faire, se m�tant au travail imm�diatement.
Parall�lement, on a charg� le libret � Fernando Periquet, qui avait dej� collabor� avec lui pour le texte des chansons de Tonadillas. Nous savons que l'oeuvre a �t� orchestr�e entre Barcelone et Vilassar de Mer, dans une maison qu'il avait lou�e. � la fin de 1913 l'oeuvre �tait pr�te. Faites les d�marches prealables, l'oeuvre devait �tre jou�e pour la premi�re fois � l'Op�ra de Paris dans les premiers mois de 1915, comme confirmait enthousiasm� son directeur M. Jacques Roucher dans une lettre dat�e le 22 juin 1914. Cette premi�re devait �tre la cons�cration mondiale de l'artiste.

La premi�re de Goyescas, la Grande guerre et ses cons�quences:
Mais la guerre europ�enne (Premi�re guerre mondiale) �clate cette m�me ann�e et cela change les plans trac�s pour la premi�re de Goyescas qui ne pouvait plus se tenir � Paris. Schelling s'est montr� tr�s actif en cherchant le moment opportun et les personnes ad�quates, il a obtenu que le Metropolitan Op�ra House de New York, l'inclue dans son programme pour la saison 1915-1916. Il trouverait l� aussi Pau Casals, auquel on a demand� de faire les premiers essais avec l'orchestre.
Granados a v�cu avec inqui�tude le changement de plans, parce qu'il n'�tait effectivement pas le moment le plus appropri� pour se faire � la mer. "Dans ce voyage je laisserai la peau", il s'�tait exclam� en plaisantant � un certain moment. Finalement Granados et sa femme Empar partent de Barcelone en novembre 1915 dans le bateau "Montevideo" o� se d�place aussi le guitariste Miguel Llovet, chose qui leur permettra de rendre la travers�e plus int�ressante. Le
Programme d'un concert de Granados bateau fait escale � Cadix et le 30 du m�me mois ils partent  d�finitivement pour la travers�e de l'Atlantique.
Par une lettre que Granados �crit � ses fils en arrivant � New York, nous savons qu'ils ont �t� arr�t�s par une croiseur de guerre fran�ais, le "Cassard", incident qui n'a eu aucune importance, mais qui est parvenu � inqui�ter les passagers. Une fois d�contract�s, Granados , homme d'esprit exclame: "S'ils nous arr�tent � nouveau, je descends!". Dans la m�me lettre il d�crit le voyage : "...il devait durer 10 jours et en r�alit� il en a dur� 15. Quelques heures de calme et le reste un mauvais temps qui ne finissait jamais. Nous croyions que nous ne parviendrions pas � vous revoir. Un apr�s-midi, votre m�re et moi, nous sommes embrass�s et pri� Dieu de vous guider... ". Ils sont arriv�s � New York le 15 d�cembre. Les essais se commencent rapidement avec l'orchestre, avec laquelle, tel que pr�vu, Pau Casals avait d�j� travaill�.
Avant la premi�re, le 23 janvier il offre un concert avec le c�l�bre violoncelliste � la soci�t� "The friends of Music". Il enregistre quelques petits rouleaux de pianola pour la compagnie Aeolian, en plus d'assister l� o� il est invit�. Le fait d'avoir un artiste europ�en � ce moment l� en Am�rique du Nord �tait un luxe.
Quelques jours avant la premi�re, l'impresario a consid�r� qu'� l'oeuvre il lui manquait un interlude ce qu'il � dit a Granados. Dans une nuit il �crit celle qui devait �tre sa derni�re oeuvre et une des plus connues, mais il n'est pas trop satisfait, ce qu'il explique � Casals: "J'ai fait une chose de mauvaise foi, vulgaire, face au public. Il m'a sorti une Jota! (tipique danse aragonaise)" La r�ponse de Casals le tranquillise : "Parfait - lui dit il -. Goya n'�tait pas aragonais?". Joan Alavedra �crira par la suite : "... chaque fois que Casals joue cet interlude, avec ce soupir de tristesse qui finit l'oeuvre, il para�t qu'il dise "Au revoir!" � son ami".
Finalement arrive le jour de la premi�re. L'orchestre est dirig�e par le ma�tre Gaetano Bavagnoli, le choeur par Giulio Setti et le vestiaire et les d�cors sont charg�s � Antonio Rovescalli. Les applaudissements sont prolong�s cette nuit, mais le jour suivant une partie de la critique se lance sur lui, en l'accusant de pr�somptueux et en d�daignant l'oeuvre, qui plus qu'un op�ra, ils disent, semble un po�me symphonique "avec une partie de chanson plus ou moins heureuse, adapt�e � un libret pauvre". D'autres en parlant "... du nerf, de la po�sie, le charme myst�rieux, la richesse et la couleur, le mouvement, l'habilit� dans la composition polyphonique, les stridences...". En tout Goyescas a �t� repr�sent�e seulement cinq fois. Elle s'est av�r� �conomiquement catastrophique, mais ceci n'a pas r�duit le protagonisme au personnage qui a �t� invit� par le pr�sident Wilson � la Maison Blanche.
Pour s'occuper de l'invitation il est oblig� de changer les passages pour l'Europe. � cause de son d�sir de rencontrer rapidement ses fils, qu'il ne voit depuis trois mois, il prend des passages pour deux bateaux : "Le S.S. Rotterdam" (N�erlandais), pour aller de New York � Falmouth, et le "Sussex" (Britannique), de Folkestone � Dieppe. Le 7 mars il joue le concert � la Maison Blanche et le jour suivant il y a un repas � l'Ambassade d'Espagne. L� l'ambassadeur Juan Ria�o lui fait voir qu'il est une t�m�rit� de voyager dans un bateau bellig�rant. Il y a des tentatives de changer les billets, mais il n'en a pas le temps et c'est ainsi que le 11 mars le couple Granados part de New York.
Les adieux au quai sont incroyables. Beaucoup d'amis et d'artistes y ont assist�, entre eux, Shelling, Kreisler et
Photo de Granados au piano dédiée a Franck Marshall Paderewski. Ils lui font livraison d'une coupe d'argent comm�morative de l'�v�nement, dans laquelle sont enregistr�es les signatures de tous et un passage de  Goyescas, avec quatre mille cent dollars � l'int�rieur. Ils arrivent � Falmouth le 19, et visitent Londres. Le 24 ils partent de Folkestone � bord du "Sussex", de la Compagnie de Chemins de fer de l'�tat fran�ais � 13.15 heures. Deux heures plus tard le bateau est torpill� par un sous-marin allemand.
D'apr�s ce qu'on peut lire au "Bulletin d'information pour l'Espagne et l'Am�rique du Sud" du mois de juin 1916, � 14.50 heures les horloges de bord se sont arr�t�es, ce qui para�t indiquer l'heure de la catastrophe. Le bateau a �t� divis� en deux, la proue � rapidement sombr� tandis que la poupe restait � la d�rive, �tant remorqu�e jusqu'� Boulogne, comme ont expliqu� les survivants. Le nombre de morts est estim� en quelque quatre-vingt, entre eux le couple Granados, ses restes n'�tant jamais trouv�es. Dans la partie remorqu�e qui n'a pas sombr� il y avait la cabine du couple, avec tous les bagages.
Joan Alavedra explique que de tous les hommages qui lui ont �t� faits, celui qu'organisa Pau Casals fut sp�cialement �motif. Dans le m�me Metropolitan o� Granados avait salu� le public quelques jours avant, Casals, Paderewsyi, Maria Barrientos, Julia Culp et le t�nor McCormack ont jou� ensemble. Comme au revoir, avec un grand respect et tout le monde en pied, Paderewski a jou� � la m�moire Granados la Marche fun�bre de Chopin, avec toutes les lumi�res du th��tre �teintes et avec seulement un cand�labre allum� pr�s du piano. Granados est mort quelques mois avant de f�ter ses 49 ann�es. Son grand ami Alb�niz quelques jours avant.

Commentaires sur la vie et l'oeuvre de Granados:
� Ricard Vi�es,
compagnon d'�tudes et grand ami dit: "Le caract�re d'Enric �tait tr�s optimiste et gai, au point qu'il le transmettait facilement � tout son entourage, � cause de ses boutades et sa mani�re de rire"
� Joan Alavedra dit: "j'ai toujours cru que Granados �tait un homme heureux. Je ne fais pas allusion � ses succ�s..., mais aux �motions que lui causait une receptivit� exceptionnelle, qui en lui se traduisait immediatement en musique...elle s'�coule de mani�re naturelle... avec ses grands yeux r�veurs, il se prom�ne par la rue en �coutant de la musique au point que, fr�quemment il doit s'arreter et �crire la mesure sur les manchettes blanches de sa chemise".
� Son ma�tre Felip Pedrell dit dans un article au journal "La Vanguardia": "Nos lessons n'etaient pas strictement des lessons; elles �taient des conversations o� moins encore, des causeries entre compagnons avec plus d'humeur que de conseils. Je voyais que quand nous parlions de probl�mes techniques compliqu�s, il se concentrait en soi m�me; et me rendant compte que la regle s�che et froide n'etait pas accept�e par son intellig�nce, je pris la d�cision de ne jamais lui parler de r�gles, resolutions et hi�roglyphes t�chniques, mais au contraire de lui parler de go�t d�licat et cultiv�, ne me souciant de rien d'autre, seulement de diriger une si exceptionnelle intellig�nce".
� Conxita Bah�a disait: "Il y a une mani�re de jouer, un style Granados".
�
Le critique parisien G. Jean Aubry �crit par rapport au concert tenu � la Salle Pleyel le 5 avril 1911: "Granados joue ses oeuvres de mani�re exhasperante pour les meilleurs pianistes, et avec une telle intention, que personne les connait tr�s bien s'il ne les a pas entendu jouer � lui m�me. Je suis convaincu que nous sommes en pr�s�nce du meilleur interpr�te que la musique de piano ha produit en Espagne depuis la mort d'Alb�niz."
� Le pianiste Edouard Risler parle de "�intention de chaque phrase, la nuance de chaque accent sans perdre jamais la ligne expressive, le large contour de l'oeuvre�"
� Claude Debussy dit de lui: "Il avait une t�te g�niale qu'il amenait d'une mani�re gentille que l'on ne peut pas oublier facilement".
� Le musicien et ami Joaquim Nin �tait un grand admirateur de Granados: "� et me seduit son exhuberante imagination�, son desordre improvis�, sa noblesse�, ses grands yeux toujours pr�s � pleurer, de rire, s'admirer o� se surprende de tout�" explique Henri Collet dans son livre Alb�niz et Granados.

Honneurs et d�corations qui lui ont �t� acord�s:
� La Croix de la L�gion d'Honneur. (France)
� Las Palmes de l'Acad�mie. (France)
� La Plaque de Commendeur de l'Ordre Civile d'Alfonso XII. (Espagne)
� La Croix de Chevalier de l'Ordre de Carlos III. (Espagne)
� La m�daille d'argent des arts et des lettres de The Hispanic Society of Am�rica,
a New York avant la premi�re de Goyescas le 16 janvier 1916. (U.S.A.)

 

Texte de Ricard Comas i Figueras

Photographies publi�es sous l'autorisation de l'Academia Marshall

 

S�lection de LINKS � d'autres webs sur Enric Granados i Campi�a

-Classical Music Dictionary - Free MP3  Web avec des archives musicales reproductibles.
-
Enric Granados : : El Poder de la Palabra
 Web avec des archives musicales reproductibles.  
-Enric Granados - Biografia  Biographie de Granados.    

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Enrique Granados - Wikipedia, the free encyclopedia  Biographie et oeuvres de Granados.       
et autres langues.

 

Bibliographie sp�cifique sur Enric Granados i Campi�a

Titre Auteur Publi� par Ann�e
La m�sica i el Modernisme Avi�oa, Xos� Biblioteca de cultura catalana. Barcelona 1985

Granados

Antoni Carreras i Granados Ed.de Nou Art Thor, Barcelona 1988
Barcelona filarm�nica. La evoluci�n musical de 1875 a 1925 Lama�a, L. Elzeviriana i Libr. Cam�, S.A.. Barcelona 1927
La m�sica a Catalunya Lamote de Grignon Confer�ncia mecanografiada ca.1937. Arxiu Sra. Empar Ranch, Valencia. ca. 1937
Musique et musiciens fran�ais a Barcelone, musique et musiciens catalans � Paris Lamote de Grignon Confer�ncia mecanografiada, llegida a l'Institut Franc�s de Barcelona el 9-5-1935 1935
Quasi un segle de simfonisme a Barcelona. Vol I: De l�orquestra Pau Casals a l'Orquestra Ciutat de Barcelona Martorell, Oriol Barcelona 1995
S�ntesi hist�rica de la m�sica catalana Martorell, Oriol i Valls Manel Els llibres de la frontera. Sant Cugat del V.
El rossinyol abatut. Enric Granados (1876-1916 una vida apassionada). Milton, John W. Pag�s editors - Lomarraco 2005
Academia Granados-Marshall: 100 a�os de escuela pian�stica en Barcelona Pag�s Santacana, M�nica Taller editorial Mateu 2000

Hist�ria de la M�sica Catalana

Valls, M. Editorial T�ber. Barcelona 1969
Gran enciclopedia catalana Varios autores Enciclopedia catalana, S.A.
 

Livres sur Enric Granados

 


 
 
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